La Liste de prénoms

Visage transfiguré, images en mouvement couvertes de brouillard et de bruine nocturne.

Elles, toutes en une, étaient un masque, un cri.

Au milieu du bruit de la ville, j’empoigne mon appareil photographique, et dans la litanie interminable de noms, je me rappelle du sien.

Ce nom qui en contient tant d’autres : A n t o n i a, le prénom de ma mère.

C’est ainsi que commence ce travail.

La Liste de prénoms est un projet photographique, narratif et artistique, présenté comme une installation, la plupart du temps accompagné d’une performance. 

Pour continuer ma vie, j’ai dû oublier tout un passé de violence familiale, et ce fut le point de départ d’un travail de recherche sur l’oublie où la photographie, l’écriture et le dessin se sont transformés en possibilités de parcourir ma mémoire.

C’est un travail qui démarre en 2016 dans la ville de Paris et qui parle d’un phénomène social apparemment très répandu dans les médias mais qui ne cesse d’augmenter : la violence conjugale, pas d’une manière documentaire, plutôt comme une narration d’un deuil, d’une rencontre avec la mémoire traumatique ; c’est l’histoire du témoin qui décide de lancer un cri contre l’oubli. 

Le projet est composée d’une série photo-texte, de plusieurs dessins qui sont installés pour faire partie des murs et de l’espace d’exposition, la reproduction d’une table à manger familiale et des listes de prénoms manuscrites.

Chaque fois que La Liste de Prénoms s’expose, elle se transforme et s’adapte au lieu d’exposition en recréant toujours un montage unique. C’est aussi un projet participatif pour la communauté qui lui rend visite.

Le premier chapitre du projet, Le Cri dans le vide, a été inspiré par le travail du groupe amateur de danse ARTivisme. Les ARTivistes réalisent des interventions et performances dans la rue, en se réappropriant l’espace public pour dénoncer les violences faites aux femmes, le harcèlement de rue, et autres thèmes liés à la lutte féministe, dans l’un des départements français avec le taux le plus élevé de féminicides, harcèlement de rue ou violence domestique : la Seine-Saint-Denis. La plupart d’entre elles étaient elles-mêmes des victimes. Elles travaillent activement avec des associations qui aident les femmes à lutter pour leur condition. Je suis allée à la rencontre de cette troupe, et j’ai été fascinée par la grande capacité de résiliation que les victimes de la violence de genre expérimentent dans cette performance. En photographiant leurs démarches, je me suis retrouvée avec une histoire intime oubliée, imprimée sur le tissu de ma mémoire d’enfant. Cet exercice de mémoire a inspiré le deuxième chapitre du projet : Le Souvenir, l’histoire de Maman.

La photographie est fortement influencée par Provoke et les personnages de chaque image semblent sortis des Caprices et autres gravures de Goya. Les textes font partie d’un journal intime qui n’avait jamais été écrit et dont les mots commencent à creuser un dialogue avec les images. 

Chapitre III : Forget me, not ! (In progress)

Expositions :

2020 : Exposition collective L’amour et la violence. MPAA, Breguet. Paris, France.

2019 : (SOLO) Mairie du 2ème arrondissement. Paris, France.

2019 : Exposition collective : Sorcières d’aujourd’hui. MPAA, Breguet. Paris, France.

2018 : Exposition collective : 3jours1femme avec Camille Gharbi et Arianna Sanesi. Galerie L’Aberrante, Montpellier, France.

2018 : Présentation Coloque PhotoTexte engagée. MSH-CNRS Paris.

2017 : (SOLO) Carte Blanche de la Maison des Femmes de Montreuil dans le cadre des 19è Portes Ouvertes des Ateliers d’Artistes de Montreuil. France.

2017 : Performance Manifestation contre les violences faites aux femmes 25 Novembre, Place de la République. Paris, France.

Aspects techniques :

Série de 20 images N&B, dessins et textes.
Tirage argentique sur Toile Canvas.
Tailles adaptables à l’espace d’exposition.

Installation : table et oeuvre éphémère adaptable à l’espace d’exposition